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L' histoire vraie d' un branleur...
11 juin 2007

Part 8 (2)

Où Nico de retour au pays, en première de lycée technique de dessin s'aperçoit que la vie c'est pas facile du tout...


Chapitre 2 - Zoolook and Ethnicologie

 

Mr Troupier releva ses lunettes tombantes qui se perdaient dans son abondante barbe blanche et se passa la langue sur les lèvres.

" Mon cher Nicolas, vos croquis de New York...C'est pas bien fameux... Regardez ces traits...Des buildings ?
_ Oui, l'empire State Building.
_ Ah parce qu'ils sont jumeaux donc...C'est normal que l'un soit largement plus petit que l'autre ?
_ Euh..."

Sur le croquis, un rectangle nain cotoîe une asperge carrée qui semble toucher le ciel. C'est simple, on dirait plus des briques de Lego et Duplo mises côte à côte.

" Vous avez encore d'autres croquis dans le genre à me montrer ?"

En fait Nico en a plein en stock et n'arrive pas a expliquer qu'a chaque sirène dans la ville, la clim et le manque de sommeil n'aidèrent pas plus que le décalage horaire pour essayer de pondre un truc fameux. Reste les photos dont les 3/4 des pellicules figurent un essai plutôt abstrait de photographiage de dos de baleines émergeant tant bien que mal dans la baie du St Laurent à Québec. En fait c'est limite le fiasco total puisque transporté par la magie des lieux, le pauvre adolescent en a totalement oublié toute objectivité un tant soit peu artistique.

Mr Troupier soupire : "Vous êtes meilleur sur les natures mortes...Surtout les croquis de plâts de pâtes."

La récréation se termine là et Nico range ses croquis un peu dépîté. Il lui semble qu'en l'espace d'un été le monde a changé. Bien sûr c'est toujours la même classe mais les choses ne sont plus ce qu'elles sont vraiment dans l'espace physique et moral des voyages et transgressions de places en places, salles en salles, pays en pays. Guy a été renvoyé de la classe pour cause "d'incompatibilité", ce qui ne l'as nullement gêné. Au dernières nouvelles, il aurait été vu dans un mc Do en train d'essayer de jongler avec un mc Bacon et deux portions de potatoes. Loïc s'est réorienté en section cartographie de l'établissement ce qui est un comble au yeux de Nico : Comment un mec qui perd les boules des souris de micro en essayant de les ouvrir en bibliothèque peut il aider à la création d'une carte IGN ? Si ça se trouve, il serait capable de situer Paris a 50 km de Clermont-Ferrand c'est bien ça le pire-express sans faire non plus trop de mousse. Jessy a arrêté les cours, c'est dommage, elle avait une espèce de charme touchant. Nico s'était souvent demandé si elle sortait brièvement avec Francis et si celui-là ne l'avait pas largué au bout de quelques mois sans donner d'explications et depuis plus de nouvelles. Le mystère restait entier.

Francis... Comment l'appréhender ? C'est sûr, Nico ne l'aime pas trop, trop d'arrogance dans ce jeune homme qui parle d'un obscur passé de jeunesse athlétique médaillée avant de tout arrêter pour se consacrer pleinement aux études. Un mec qui largue une nana comme une vieille chaussette sans aucun remords et n'hésite pas a fouiller dans la trousse des autres élèves en maugréant juste "t'as une gomme ? Ouais super, merci." sans même que le pauvre détroussé ait pu l'ouvrir une seconde. Le prototype parfait du parasite qu'on a pas envie et qu'on ne veut pas vraiment remettre a sa place au prix de se faire casser la gueule. Pourtant Francis veut sympathiser et pourquoi pas, se dit Nico pour se rassurer.

Oui, peut-être qu'au fond ce Francis n'est pas un mauvais bougre et l'idéal cet après-midi c'est d'aller chez lui discuter et manger un morceau puisqu'il le propose volontiers. De toutes façons quand une journée est composée de 2,3 cours seulement et que les profs font tous grève, il faut saisir l'occasion plutôt que de rester cloîtrés avec Mathiews toute la journée au rayon BDs et mangas de la Cnaf la plus proche; et voilà nos deux compadres dans le train direction la moche charmante petite ville de banlieue de Goussainville. Dans le wagon, Francis parle sport, muscle, athlétisme, médailles et Nico ne l'écoute qu'a moitié, un peu gonflé d'entendre une énième variation Nietzschienne du surhomme qui ne diffère que peu des fameux J.O d'Atlanta de 96 sur fond du hit Loser de Beck. Quand Francis parle musique, hard rock et métal, Nico rouvre une oreille mais Francis ne rabâche que deux trois choses et son amour du stairway to heaven de Led Zeppelin qu'il se propose d'interpréter lui-même avec sa guitare tel le poète estudiantin moderne à la voix de fausset ne l'interessent guère. A cet époque, il vient de découvrir simultanément le punk des années 70 tout en embrayant sur Joy Division, Jeff Buckley et les musiques expérimentales des soirées trances et des étudiants essayant toujours de reprendre un répertoire limité a America, Led Zep ou les Eagles, au bout d'un moment ça le gonfle légèrement. Surtout quand c'est toujours les mêmes morceaux.

Dans cet état d'esprit la visite est brève et Nico se cloisonne pendant les 3 heures chez Francis loin, très loin dans son esprit. Francis ne parle que de lui-même et comme Nico ne le connaît pas plus que ça, il semble au plus pressé d'en finir avec ce jeune pédant qui lui explique que si il a pas son bac il pourra toujours aller chez les CRS ou la gendarmerie. Il semble avoir ça dans le sang puisqu'au moment de repartir, il frappe son chiot avec sa godasse.

La pauvre bête allait renifler le nouveau venu possédant une odeur de chat sur lui et Nico commençant a lui caresser la tête n'avait pas remarqué Francis qui levait rapidement sa Nike en lançant un "T'es un chien de garde, tu reste là bas !"

Dans le train du retour, Nico se dit qu'un homme qui frappe un chien n'aime pas les bêtes et par conséquent l'humanité elle-même.

Va falloir rester éloigné de cet espèce de salopard parasite à l'avenir....

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